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HéRA, LA FIDéLITé AVANT TOuT (ON DIRAIT uNE PuB POuR DES PNEuS ...)

Dernière mise à jour : 11 févr. 2023

Selon que vous soyez originaire de l'attique ou que vous soyez ionien, vous l'appellerez respectivement Héra ou Héré (et Junon, si vous venez de Rome !). Et si elle est sans doute un peu moins populaire et connue que les grands pontes du panthéon grec ancien, genre Zeus ou Poséidon, elle n'en demeure pas moins la reine des dieux ! Alors, rendons hommage à cette déesse, aussi belle que redoutable et puissante ! Redpaln l'a déjà fait, comme vous pouvez le voir ci-dessous, alors à mon tour de vous parler de la "Déesse aux bras blancs" ...


Hein qu'elle est belle ?

SOEuR YES SOEuR !


C'est celle de Zeus, de sœur, mais aussi son épouse. Oui, chez les Dieux Grecs, on ne s'embarrasse pas avec ce genre de détails.

R. Lee Ermey est juste là parce que c'était un sacré personnage (et que Zeus pouvait se montrer tout aussi intransigeant !) et que je voulais illustrer mon mauvais jeu de mots

Un petit rappel de la situation initiale, à savoir, la Titanomachie.


Il était une fois Cronos, fils d'Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre). C'est un Titan, comme les 11 autres enfants du couple divin. Un "beau" jour, maman Gaïa en a marre des assauts amoureux de son époux et la voilà qui demande à son fiston, Cronos, de séparer son père de ses bijoux de famille. A l'aide d'une faucille magico-céleste en silex, Cronos s'exécute et émascule son père avant de le précipiter dans le Tartare. Je parle, bien-sûr, du plus bas des niveaux de l'enfer Grec et non du fromage à tartiner ail et fines-herbes que l'on connaît bien de par nos contrées ...


Pour la petite anecdote, c'est donc à ce moment-là où le ciel et la terre se retrouvèrent séparés.


Bref, ajustons nos chronos (pas nos Cronos) et revenons au moment où notre jeune Titan sort vainqueur de l'affrontement. Il prend donc le pouvoir à la place de papa, mais se révèle aussi implacable et pas sympa que lui. Il épouse sa sœur Rhéa, qui lui donne 6 enfants. Mais, pouf, nouvelle prophétie, Gaïa annonce à son fils que l'un ou l'une de ses rejetons le renversera, lui aussi. Hum. Cronos se dit qu'il ne sera pas le dindon de la farce comme son père l'a été. Et que fait-il ? Eh ben il décide d'engloutir ses enfants. Comme ça, gloups, sans les mâcher, ni rien. Il les avale tout ronds. Héra fait partie du lot. Elle arrive en 3ème position, après Hestia et Déméter et avant Hadès et Poséidon. Le dernier, c'est Zeus. Rhéa le remplace par une pierre, que Cronos, qui visiblement a le même QI que le caillou, avale à la place du bébé ...


Cronos n'était pas un fin gourmet. Il n'était même pas fin tout court, d'ailleurs ...

Ce qui devait arriver arriva et je vous la fais courte : des années plus tard, Zeus organise la révolte avec la complicité de Gaïa. Ils s'arrangent pour que Cronos recrache ses enfants, libèrent les Cyclopes, les Hécatonchires et les Géants et Cronos se retrouve dans le Tartare à son tour. L'histoire ne dit pas s'il y a retrouvé son père et si les retrouvailles ont été musclées.


LE TEMPS DES AMOuRS ...


Après cet épisode épique digne d'un Choc des Titans sous stéroïdes, tout ça se tasse un peu et les Titans élisent domicile au sommet du Mont Olympe après quelques travaux d'aménagement.


Là, Héra et Zeus se marièrent, vécurent heureux (pas tout le temps, mais bon) et eurent beaucoup d'enfants. Effectivement, ils auront pour descendance d'autres illustres dieux et déesses Olympien(ne)s : Arès, Héphaïstos, Hébé, Illithyie et encore de nombreux autres (leur nombre et leur identité varient en fonction des auteurs).


Avouez, ça donne envie comme roman ...

TROuVE TOI uN JOB !


Parce que c'est bien beau de glandouiller sur la divine cime couronnée de nuées (comme Homère aurait pu décrire l'Olympe), mais à chacun son taf !


Et, avec un mari pareil, prêt à toute métamorphose pour coucher avec la première créature venue (surtout de jeunes et belles humaines, mais pas que), elle a décidé de devenir la protectrice des femmes. C'est la gardienne de la fécondité du couple et des femmes en couches. C'est, plus généralement, la déesse du mariage et ... de la fidélité !


Zeus pourrait rigoler de ce dernier titre ...


Hé ! Yeux de vache !


Epithète que c'est un compliment, après tout

Ne rigolez pas, c'est l'un des épithètes dont l'affuble Homère dans l'Iliade. Elle y est parfois nommée "déesse aux bras blancs", ça, ça va. Ou encore "au trône d'or". Ok, ça va aussi. Mais aussi "aux yeux de vache" ... Ah, Homère, après quelques verres d'ouzo, il avait du mal avec ses propres vers ! Alors bon, c'est moche, mais en fait, à l'époque, il est fort probable qu'il s'agissait d'une manière de dire "aux grands yeux" (il parle d'elle de cette façon aussi). Il aurait pu dire "aux yeux de biche", ça aurait été plus gracile, malgré toute ma sympathie pour la race bovine.


Ce que l'on sait, c'est (comme justement décrit dans "le jugement de Pâris", prémisse de l'Iliade) qu'elle est d'une beauté renversante.


DIGREssION-Man, le RETOuR


Allez, hop, ça faisait longtemps, je vais vous coller une petite digression de derrière les fagots pour vous expliquer cet épisode.


Donc, à un moment, la nymphe Thétis doit épouser le héros humain Pélée (ce sont les parents d'Achille). Mais voilà, il y en a une qui n'est pas invitée. Ni à la cérémonie, ni au banquet qui suit. C'est Eris. On ne peut pas en vouloir aux Dieux, c'est la déesse de la discorde ! On se dit que, si elle se pointe, la soirée va tourner au fiasco, encore pire que quand tonton Marcel a un peu trop abusé du champagne et se met à danser torse nu au milieu de la piste. Oui, mais dans ce cas-là, il aurait peut-être fallu faire en sorte de l'expédier loin (Eris, pas tonton Marcel), quelque part, ou de poster des gardes autour de la salle, parce qu'elle parvient à s'y faufiler deux minutes pour y déposer une pomme en or (pourquoi une pomme, allez savoir) sur laquelle est gravée l'inscription "à la plus belle" ...


Ouch.


Dites-vous que, autour de cette table, des jolies déesses, il y en a quelques unes, mais seules les trois plus puissantes se manifestent : Aphrodite (oui, logique), Athéna (qui n'est pas en reste question beauté) et Héra (qui n'a rien à leur envier).


Evidemment, c'est la baston. Pas au sens physique, mais ça gueule pas mal sur l'Olympe, chacune revendiquant le titre (et la pomme).


Alors, Zeus, dans son infinie sagesse ... hum ... décide de confier le jugement à un humain. Oui, pas fou le Zeus. Il n'a pas envie de s'attirer les foudres de sa femme ou de sa fille préférée, ou encore de remettre en question la déesse de l'amour, son autre fille.


Donc il file la pomme à Hermès et lui demande de descendre sur le Mont Ida et d'y trouver un jeune berger du nom de Pâris (qui s'avérera être un prince de Troie, celui-là même qui déclenchera la guerre éponyme, conséquence directe de cet incident). Hermès, qui aurait bien fini sa part de pièce-montée, laisse tomber sa fourchette à dessert et décolle illico (non, j'ai dit "illico", pas "hélico").


Donc, voilà Pâris peinard, à faire paître ses moutons (il est vraisemblable que l'histoire se passe avant ses retrouvailles avec la famille royale, mais c'est une autre histoire), qui voit débarouler le dieu messager avec, dans son sillage, les 3 déesses.


Et vlan, la question lui tombe sur le bec : laquelle est la plus belle et mérite donc cette pomme (artefact parfaitement inutile et que chacune pourrait se procurer aisément au centuple, mais c'est un symbole).

Si Pâris était allé faire un tour sur Internet, il aurait trouvé ce tuto pour le jeu Minecraft et aurait eu moins de soucis avec sa pomme d'or ...

Bon, Pâris n'a pas l'air trop perturbé par cette apparition. C'est le gars blasé, quoi ... Il faut dire que sa compagne est une nymphe appelée Oenone, il n'est donc pas étranger à la beauté divine, même si là, on est clairement au niveau supérieur.


Alors il est bien embêté, parce que les trois déesses sont d'une beauté qui dépasse l'entendement. Et, comme il n'arrive pas à les départager, elles vont, chacune leur tour, le prendre à part et lui proposer des trucs. Non, esprits mal placés ! Je veux dire des cadeaux !


Si elle est choisie, Athéna lui offre la victoire au combat, quels que soient l'ennemi et les circonstances. Héra, quant à elle, lui offre le pouvoir sur tous les hommes et de régner sur eux, sans conteste. Aphrodite, elle, lui garantit, en échange de son vote, l'amour de la plus belle femme du monde.


Pâris, qui ne voit pas plus loin que le bout de son ... nez, choisira évidemment la troisième proposition et élira Aphrodite, qui repartira toute contente avec son bibelot en or qui doit toujours prendre la poussière sur une étagère de son olympienne chambrée ...


Mais elle tient parole et, on connaît la suite, ce sera Hélène, épouse de Ménélas qui, à cause des sortilèges de la déesse, tombera amoureuse du jeune prince quelques années plus tard. Conclusion : des années de guerre entre les royaumes grecs sous le commandement d'Agamemnon, roi des rois, et un bilan humain effroyable. Mais, là aussi, c'est une autre histoire, que vous pouvez découvrir dans son intégralité et avec une bonne dose d'humour dans "L'Iliade revisitée" de Redpaln, que je vous invite à découvrir ici.


En toute objectivité, c'est vachement bien foutu et résumé et ça vous permettra de vous attaquer à l'original d'Homère (c'est ce que j'ai fait)

Bref ! Tout ça pour dire que Héra, en plus d'être puissante, est belle à tomber.


Ses autres caractéristiques, ses attributs, sont, pêle-mêle : le diadème royal et le sceptre, le paon et la génisse (oui, retour aux vaches) et, question végétaux, la grenade, l'hélicryse (une espèce d'immortelle) et le lys.


ELLE HéRA-LEuSE


Oui, elle râle. A juste titre, souvent. Encore une fois, faute à son époux, qui, je pense a inventé le mot "volage". Et râleuse est un euphémisme, car elle n'hésitera pas à punir sévèrement les malheureuses maîtresses du roi de l'Olympe ou leur progéniture.


Sa victime la plus célèbre sera Héraclès (Hercule chez les romains). Ce dernier est le fils de Zeus et de l'humaine Alcmène (descendante du héros Persée). Héra lui mènera la vie dure, plaçant carrément un (ou des) serpent(s) dans son berceau. Puis, plus tard, elle lui enverra la déesse de la folie qui l'aveuglera d'une rage sanguinaire dans laquelle il tuera sa femme et ses enfants, les prenant pour des ennemis. Ca se tassera avec le temps, mais bon, c'était pas fun entre les deux. Notez d'ailleurs le choix maladroit du nom qui signifie "Gloire d'Héra". Sûrement une tentative foireuse de Zeus pour tenter d'amadouer sa divine épouse aux yeux de vache (plutôt de taureau en colère en l'occurrence).


C'est effectivement ce qui est arrivé aux serpents dans le berceau ...

La nymphe Io fera aussi les frais de sa colère. Transformée en vache (oui, encore) par Zeus pour la protéger de la furie de son épouse, cette dernière lui enverra un taon qui la rendra folle par ses piqûres.


Et là, ce ne sont que deux exemples. Je me répète, mais on se demande comment Zeus trouve le temps de régner sur l'Olympe entre deux coucheries !


A sa décharge, si elle est capable d'être impitoyable avec les maîtresses et les enfants illégitimes de son époux, Héra ne le trahira jamais. Non, pas même un petit bisou avec un beau héros ou un demi-dieu, rien. La fidélité jusqu'au bout.


Ce qui ne l'empêchera pas un jour de chercher à se venger directement sur Zeus. Un beau jour, elle réussit à convaincre les autres Olympiens de monter un coup d'état contre le grand patron. Même Athéna, la chouchoute de papa, est de la partie, ainsi que son propre frère Poséidon et son fils Apollon ! Tout ce petit monde ligote le barbu pendant son sommeil.


Mais, car il y a un mais, la nymphe Thétis (mère d'Achille), qui aime beaucoup Zeus, va voir son copain Briareos, l'un des Hécatonchires (les géants aux cent bras) et des guerriers venus d'Aigaion (et qui sont plus forts que les dieux apparemment ; bizarrement, on n'en entendra plus parler). Ces gaillards débarquent et Zeus est rapidement libéré. Et là, éclate une scène de ménage comme on peut difficilement l'imaginer ! Héra et Athéna sont à leur tour ligotées et on ne doute pas qu'elles se soient fait sévèrement souffler dans les bronches à ce moment-là.


Quant à Poséidon et Apollon, ils sont envoyés se mettre au service du roi de Troie, Laomédon, pendant des années. Il leur confiera la tâche d'élever les célèbres murailles de la ville. Mais, oui, vous l'avez deviné, encore une fois, c'est une autre histoire que je n'ai pas le temps de conter ici !


Rare photo de Poséidon et Apollon en plein boulot sur les murailles de Troie

Une autre scène mémorable a lieu après que Héra ait embobiné le dieu du sommeil, Hypnos, pour qu'il endorme Zeus. Pendant que le barbu ronfle, elle déclenche une tempête qui manque de faire périr Héraclès, alors embarqué sur le bateau qui doit le ramener en Grèce après une aventure.


Fort heureusement, le demi-dieu en réchappe, mais, quand Zeus se réveille, autant vous dire que ça dépote ! Il est indigné, courroucé, vexé, bref, il a les nerfs, grave !


Il envoie balader tous les dieux présents et cherche partout Hypnos pour lui faire faire le grand plongeon, celui qui part de l'Olympe et finit au fond du Tartare. La déesse de la nuit, Nyx, parvient à le cacher et Zeus passe sa colère sur le propre fils d'Héra, Héphaïstos, qui, s'il ne descend pas jusque dans les abîmes, s'écrase sur la Terre et ça, ça l'abime ...


Quand à Héra, elle est enchaînée au-dessus du vide, avec des enclumes aux pieds et des chaînes en or aux poignets et foudroyée à plusieurs reprises, ce qui doit piquer pas mal, même si on est une déesse immortelle. Auparavant, il a évidemment convoqué les autres Olympiens afin qu'ils assistent au "spectacle" et que ça les dissuade une fois pour toute de chercher des noises au maître des dieux.


J'ai mentionné plus haut le jugement de Pâris. Sachez également que, suite au choix pourri de celui-ci, Héra fera partie des dieux qui prendront le parti des Grecs dans leur assaut sur la ville de Troie.


Soulignons que, comme son époux de frère, elle peut avoir le sang chaud.


L'Olympe frémit. Un débat houleux fait s'affronter les époux divins. Le sujet ? Qui tire le plus de plaisir lors d'une relation hétérosexuelle. La femme ou l'homme ? Evidemment, chacun campe sur ses positions ... enfin, je veux dire son avis ! Hum, bref.


Donc pour trancher, ils font appel au devin Tirésias qui, à la suite d'aventures rocambolesques, fut homme, puis femme, puis de nouveau homme. C'était donc une personne bien placée pour juger ! Sauf que, peut-être par peur (ou bien tout-à-fait sincèrement, qui suis-je pour remettre en cause sa parole ?!), il donne raison à Zeus. Vexée, Héra lui fait perdre la vue. Pour compenser, Zeus lui accorde le don de divination et une vie longue de 7 générations. Pourquoi pas. Mais à partir de là, il n'aura pas une vie ultra fun non plus !


Les mêmes dans les rôles de Zeus, Héra et Tirésias ...

Mais tout n'est pas si noir ! Héra est connue pour protéger et/ou favoriser certains héros, comme lors de la guerre de Troie ou bien Jason, lors de sa quête pour la Toison d'Or.


VéN-HéRa-TIONS


Si elle avait des sanctuaires dédiés à son culte un peu partout en Grèce, notamment à Olympie, Corinthe, Samos et beaucoup d'autres, elle était particulièrement vénérée à Argos dans le Péloponnèse.

Là-bas, au Connemara, euh non, à Argos, pardon, une gigantesque statue chryséléphantine (d'ivoire et d'or) la représentait assise sur un trône, couronnée, portant une grenade (le fruit, hein) dans une main et un sceptre dans l'autre.


Elle était également célébrée par des jeux, les Héraia, organisés à Olympie et réservés aux femmes à compter, environ, de 580 avant JC. Ils avaient lieu tous les quatre ans et débutaient quinze jours après la fin des jeux Olympiques. Il s'agissait exclusivement d'épreuves de courses qui se déroulaient sur le stade olympique (la baston c'est pour les mecs, en tout cas, à l'époque), mais avec une piste raccourcie de 160 mètres. La championne se voyait offrir une couronne d'olivier sauvage et une part de la vache sacrifiée à Héra. On pouvait également dédier des statues portant le nom des gagnantes, comme pour les hommes.


Véritable image d'époque

HéRa-PIDEMENt, la COnCLusiOn aRRiva ...


Voilà un petit portrait de cette Déesse majeure, symbole de la fidélité et ironiquement mariée à l'époux le plus infidèle qui soit. Il lui aura fallu bien du courage pour supporter son Olympien barbu !


Et si vous préférez un autre type de portrait, pourquoi ne pas cliquer sur l'image ci-dessous et vous procurer un tirage signé ?


J'ai tenté d'être concis, même si la tentation était grande de digresser à chaque mention d'une déesse, d'un héros, d'un événement car c'est un univers qui me passionne. Je n'ai pas choisi le pseudo Ody(sseus) et dessiné mon avatar tel qu'il est pour rien !


A la semaine prochaine pour un autre personnage ! Fidèlement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,




- ODY




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