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Je suis non essentielle (et ça ne me pose pas de probléme)

Dernière mise à jour : 8 avr. 2021

Ca fait un bon moment que j'avais envie d'écrire cet article. Il y a un peu moins d'un an, le covid nous tombe dessus, et tout s'arrête. Dans mon cas, ce n'est pas vraiment une façon de parler : lq première semaine du confinement, les coups de fils et les mails s'enchainent: les projets en cours sont reportés ou annulés les uns après les autres.


Il me reste un projet illustré pour des panneaux de randonnée, projet assez peu impacté par la crise qui s'annonce... mais pour ce qui est des festivals, des affiches de théâtre, des ateliers, ou même de mes vitrines illustrés pour restaurants et boutiques, les projets sont tous relégués à l'arrière plan. Evidemment, faire parts, invitations, illustrations pour des évenements... à part des naissances (au moins un truc maintenu en 2020 ^^ ) c'est le calme plat.


Pour ce qui est de mes clients privés (hors entreprises) c'est l'hécatombe aussi. Le pays est comme paralysé, la plupart des personnes qui avaient demandé des devis me demandent de les annuler, et je les comprends: pendant une période de telle incertitude, forcément, on a pas forcément l'esprit à acheter du superflu.


SUPERFLU ?


Oui, superflu. Quand on a été confiné, et qu'on à commencé à faire des catégories entre les différents secteurs de l'économie pour décider qui pourrait maintenir son activité et qui ne le pourrait pas, j'ai été classé, je pense que vous vous en doutez, en "non essentiel".


Les marchés d'art, les expos, tout a sauté, mois après mois.


Et la, j'ai vu beaucoup d'artistes, d'artisans d'arts, s'offusquer de ce classement. On m'a contacté pour rejoindre un collectif d'artistes pour "se battre contre cette vision " et pour faire comprendre que nous sommes essentiels. Je n'ai pas voulu rejoindre ce genre de mouvement, signer ce genre de pétitions. Pourquoi ?


Parce que le fait que mon travail soit "non essentiel" n'est pas un soucis, ni une honte pour moi.


Parce qu'il me semble tout à fait cohérent (et pas humiliant ! ) de dire que oui, il y a des métiers essentiels à la survie des gens, et que non, l'art n'en fait pas partie.


Attention, je ne dis pas que l'art n'est pas essentiel à la VIE mais à la SURVIE, ce qui est une énorme nuance.

Je suis pour la culture, pour les expos, pour l'art, pour transmettre, faire découvrir, voyager, imaginer, et je suis absolument persuadée qu'une VIE sans culture serait vaine, proche de l'état animal, se nourrir, dormir, travailler, et recommencer. Evidemment que la culture, dans toutes ses formes, est l'essence de la vie, que cela soit par un plat virtuose, un morceau de musique, une danse, un livre, une pièce de théâtre … tout cela nous transcende, et nous fait exister au delà de nous même.


Oui, la culture est ESSENTIELLE à la VIE.


Mais lorsqu'on parle de survie, c'est à dire du moment ou on doit traverser un moment pénible, ou les circonstances sont plus difficiles, quand les structures autour de nous peuvent s'effondrer, l'essentiel se restreint pour nous permettre de nous nourrir, nous loger, nous chauffer, et avoir accès aux basiques.


Je maintiens qu'en temps de survie, les ripeurs, les vendeurs de fruits et légumes, les ouvriers de l'usine de retraitement de l'eau, les routiers, les médecins... tous ces métiers la sont absolument essentiels, et que mes illustrations, en tant de survie, on s'en fout pas mal. Et ça me semble tellement logique !


Je suis fière de mon métier, et pas parce qu'il soit meilleur que les autres, ou parce qu'il est plus "essentiel" que les autres.


Je ne me sens pas vexée quand on me dit que je crée de l'inutile. L'inutile dans nos vies, c'est ce qui nous différencie des animaux. Monter en haut d'une montagne, regarder un coucher de soleil, sentir une fleur, écouter un oiseau … tout cela n'est pas essentiel … mais tout cela fait la beauté de notre vie. Mais nous pouvons choisir de le prendre ou pas, de passer à coté ou pas.


Il est possible de survivre sans culture. Est ce souhaitable ? La n'est pas la question, mais c'est évidemment faisable. Si on peut survivre sans quelque chose, c'est, par définition, que cette chose n'est pas essentielle.


J'aimerai imaginer une société dans laquelle les gens ne se sentent pas attaqués par des vérités, qui sont juste des constats logiques et vérifiables, et ou on ne chercherait pas à être "parfaits" (essentiels, merveilleux, indispensables).


Merci à tous les essentiels, qui nous ont permis de survivre pendant cette période (qui se prolonge, certes mais avec malheureusement une espèce de forme d'habitude), merci à tous les non essentiels de garder la flamme, pour quand le moment de vivre sera revenu, et ou la survie sera derrière nous.




-Redpaln





Nota Bene: cette réflexion ne signifie pas que j'approuve l'organisation, certains choix qui sont fait (notamment la fermeture des cinémas, musées, théâtres... alors que les transports en commun sont bondés... ), ou même que je dis que tout est facile et que rien n'est important. C'est juste une réflexion sur le vocabulaire et l'utilisation de celui ci :)

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