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Photo du rédacteurOdy

L'ILIADE, GAME OF THRONES AvANT L'HEuRE

Beaucoup d'entre nous ont entendu au moins une fois parler de l'Iliade d'Homère. Mais combien l'ont lu ou même, savent vraiment de quoi ça parle ?


Il faut dire que la lecture de "l'original" est relativement ardue (notez les guillemets, car, si c'est officiellement attribué à Homère, des doutes persistent encore aujourd'hui)


Et, si j'avais bien lu l'Odyssée (qui est bien plus fluide et claire), je ne m'étais jamais penché sur l'Iliade. C'est après avoir lu l'Iliade Revisitée de Redpaln que j'ai pu m'attaquer sereinement à l'une des œuvres les plus connues de l'Antiquité sans m'y perdre.




HOMèRE, à PART LE PAPA DES SIMPSONS, C'EST QuI ?


Alors en fait, tout est théorique. Rien n'est sûr à son sujet et l'intégralité de ce paragraphe sera au conditionnel. Il aurait vécu vers la fin du VIIIe siècle avant notre ère. Déjà, vous voyez, là c'est flou ! Il aurait été un aède (un poète lyrique) grec, possiblement aveugle. Mais les spécialistes émettent de nombreux doutes à son sujet : Homère aurait pu être un pseudonyme, il s'agirait d'une identité sous laquelle auraient écrit plusieurs auteurs différents (ceux qui ont lu l'Iliade ET l'Odyssée auront noté des différences de ton et d'écriture, mais ça pourrait venir des traductions différentes) ou bien une véritable personne.


On pense que les hymnes homériques (34 poèmes recensés), ainsi que les deux œuvres principales, auraient été écrits durant les "siècles obscurs" de la Grèce antique. C'est la période floue, située entre le XIIe et le VIIIe siècles avant JC, qui marque la fin relativement brutale et inexpliquée de la civilisation Mycénienne (cataclysme, guerre, épidémie, les paris sont ouverts) et le début de la période archaïque de la Grèce. Peu de traces subsistent de cette période.


Quoi qu'il en soit, nous parlons ici de l'une des premières œuvres littéraires de l'histoire occidentale et ça valait le coup d'en parler !


ALORS OK, HOMèRE C'EST BON, MAIS L'ILIADE, çA RACONTE QuOI ?

Pfouuu, eh ben je vais essayer de résumer tout ça, mais ça ne sera pas évident ! D'autant qu'il faut savoir que ce qui se passe avant le début de la guerre (l'enlèvement d'Hèlène) et ce qui se passe à la fin (l'histoire du cheval, la fuite d'Enée et des survivants de Troie), ne SONT PAS dans le livre original !


Le crossover ultime

Fort heureusement, notre gentille Redpaln fait débuter son Iliade Revisitée par l'origine des événements, parce qu'il faut bien avouer que, si on n'a pas son livre ou une version annotée et commentée de l'original, eh ben on se demande ce qu'on fiche là ...


Bref, tout commence par une engueulade entre déesses lors d'un repas de noces. Les mariés, ce sont l'humain Pélée (pas Pelé, le grand footballeur, gaffe aux accents) et la nymphe Thétis ( ce sont les parents d'Achille, l'un des protagonistes de l'Iliade). La déesse Eris (déesse de la discorde), est vexée de ne pas être invitée. Ben faut dire qu'avec un épithète pareil, on évite de la convier aux fiestas. Mais du coup, ça a l'effet inverse puisqu'elle trouve un moyen de semer la pagaille. Elle se furtivise (oui, elle est furtive, quoi) dans la salle du banquet et pose négligemment une pomme d'or sur laquelle est gravée "pour la plus belle" ...


Alors que si elle avait apporté un sac de pommes golden pour le dessert, tout se serait bien passé

Evidemment, Aphrodite, Héra et Athéna s'embrouillent, se considérant chacune comme la bombe de la soirée (et de la création, accessoirement, ce qui n'est pas injustifié d'ailleurs).


Et notre bon Zeus, qui ne veut pas se mouiller, de se dire "tiens, on va demander à un clampin lambda de choisir". Quelle bonne idée, n'est-il pas ? Son choix s'arrête sur Pâris, un berger de la région de Troie (qui se trouvait aux alentours de la Turquie actuelle). Bien sûr, ce jeune homme n'est finalement pas un simple pâtre : c'est l'un des fils du Roi Priam, big boss de Troie. Une prophétie l'annonçait comme celui qui apporterait la chute de la ville, d'où sa condamnation à mort. Evidemment rien ne marche jamais comme prévu et Pâris avait survécu, caché (et du coup, la prophétie se réalisera ...). C'est donc là, avec son troupeau, que les 3 déesses et Hermès, le messager, le trouvent et lui demandent de décider qui est la plus belle des trois. Comme il n'arrive pas à se décider, les divines créatures le tentent avec des cadeaux. Déjà marié à une jolie nymphe, ce pignouf de Pâris choisira Aphrodite, car elle lui promet l'amour de la plus belle femme (humaine) du monde. Oui, il était un peu basique ce jeune ...

"Le Jugement de Pâris" ... Enfin, carrément un MAUVAIS jugement ...

Et cette jeune femme, qu'il rencontrera des années plus tard, après avoir été réaccepté par la famille royale Troyenne (vous verrez comment dans le livre), n'est autre qu'Hélène, épouse du Roi Grec Ménélas. Lors d'un voyage diplomatique, il tombe évidemment amoureux, elle aussi (merci aux tours de passe-passe d'Aphrodite) et il la ramène dans ses bagages. Seulement voilà, la jeune femme est la belle-sœur du Roi des Rois, j'ai nommé Agamemnon. Et lui, ben il se dit que c'est un bon prétexte pour aller récupérer Troie et ses richesses. Il sonne le rassemblement, tel un Captain America en sandales et tous les Rois et héros Grecs se rallient à la cause et pas des moindres : Odysseus (connu plutôt sous le nom d'Ulysse chez nous), Achille, Diomède, Ajax, Nestor, etc, etc. Que des héros, descendants de héros, certains demi-dieux. Bref, ça va être un affrontement de grosbills.


Agamemnon quand il a appris l'enlèvement d'Hélène

Après moult péripéties et plusieurs années de combats où les cités voisines tombent une à une (parce qu'on parle d'une histoire qui s'étale sur une vingtaine d'années !), l'armée Grecque fait le siège de Troie (nommée également Ilium, d'où Iliade ...). Comme ça se fait couramment, on pille un peu tout et on s'attribue des trésors et des esclaves. Agamemnon n'est pas en reste et pique la fille d'un prêtre d'Apollon qui tente d'amadouer le grand roi et lui offre de nombreux présents en guise de rançon pour récupérer sa fille. Mais, comme Agamemnon c'est tout de même un gros bourrin, il envoie paître le pauvre homme en le menaçant d'en faire de le tailler en gyros et de le coller dans un bout de pain s'il se repointe dans le coin. Mais on est en pleine mythologie et notre vieux pépé s'adresse directement à son Dieu de tutelle : Apollon. Le Dieu, qui est connu pour avoir un foutu caractère, prend l'affront pour lui et se met en tête de propager la peste dans le camp Grec, à coups de flèches empoisonnées. Au bout d'un moment, l'un des oracles explique devant tout le monde que, s'ils ne veulent pas tous finir 6 pieds sous terre, il faut qu'Agamemnon rende la fille à son père.


Vous vous en doutez, celui-ci n'est pas, mais alors pas du tout content. Mais il finit par céder. "Alors ok, je rends la fille, mais en échange, je pique la jeune esclave qu'Achille garde dans sa tente, parce qu'après tout, c'est moi le patron !"

"De quoi ?!" ou "La tronche d'Achille quand Agamemnon lui a annoncé qu'il lui piquait Briséis"

Et c'est là que commence véritablement le récit d'Homère : "Chante, Ô Muse, la colère d'Achille (...)"


Celles et ceux d'entre vous qui ont vu le film Troie, avec Brad Pitt dans le rôle d'Achille, connaissent ce passage.


Au sujet de ce film, s'il est visuellement impressionnant, il demeure bien trop terre à terre. Dans l'Iliade, les Dieux et Déesses interviennent dans la bataille, parfois directement, ce qui donne au récit une dimension épique et fantastique. Dans le film, au casting néanmoins impeccable, de Wolfgang Petersen, rien de tout ça. C'est un conflit lambda, avec, certes des batailles grandioses, mais sans rien du côté mythologique pourtant essentiel de l'œuvre.


Dans le même genre, on a connu le film Lancelot, le premier chevalier (1995) où tout le côté magique des contes de la Table Ronde est effacé : pas d'Excalibur, pas de Merlin ni de Fée Morgane, rien. Résultat, un film d'aventure plat, qui n'a rien à voir avec son sujet et qui se prend une sale note de la part du public et des critiques, là où le kitsch mais épique Excalibur de John Boorman nous emmenait dans un monde où la magie était omniprésente.


L'Iliade, dans l'ambiance, c'est bien plus Le Choc des Titans que Gladiator, si vous voyez ce que je veux dire. Lui retirer sa part de fantastique, c'est presque relater un fait divers et c'est là que Petersen tombe complètement à côté de la plaque (même si j'aime bien le film au final).


Voilà, avec un peu d'éclairs et tout, quoi ! Faut que ça pète la mythologie !

Bref, je m'égare !


C'est donc à partir de l'incident impliquant Agamemnon, Achille et la jolie Briséis qu'Homère attaque son récit. Suivront la bouderie d'Achille qui refusera désormais de combattre, privant les Grecs de ses fameux guerriers, les Myrmidons ; les tensions sur l'Olympe, puisque deux camps se formeront chez les Dieux, les uns soutenant les Grecs, les autres, les Troyens ; des affrontements épiques et héroïques entre des héros mythiques ; les ruses d'Ulysse ; le duel entre Achille et Hector, etc, etc !


Je ne vais pas rentrer dans les détails, je veux pas vous spoiler trop !


POuRQuOI CHOISIR EN PREMIER LA vERSION REDPALN ?


Parce que c'est la clé qui vous permettra d'aborder celle d'Homère en sachant où vous mettez les pieds ! Déjà, c'est fait avec un humour à la Kaamelott savamment dosé, ce qui est un gros plus. Ensuite, vous avez toute l'introduction au récit, ce qui manque à l'original (je ne vous en ai raconté qu'une toute petite partie), ainsi que tout l'épisode du cheval de bois et du sac de la ville.

Et surtout, Redpaln a décortiqué toutes les "alambications" Homériques pour donner une version bien plus synthétique, mais néanmoins complète, du déroulé des événements, tout en conservant le côté épique de certains passages (oui Diomède, c'est à toi que je pense !).


Le bureau de Redpaln après avoir épluché l'Iliade d'Homère

Et, évidemment, vous y retrouverez des illustrations originales, créées spécialement pour le livre.


C'est drôle, épique, précis, facile à lire, bref, l'idéal pour s'attaquer à ce monument du récit antique qu'est l'Iliade !


Comme je vous le disais en ce début d'article, si cet ouvrage m'avait toujours intrigué, étant féru de mythologie (le pseudo Ody et l'avatar de guerrier grec ne sont pas là pour rien), je n'avais jamais osé sauter le pas. Cette Iliade Revisitée m'a franchement permis de me plonger par la suite dans le récit d'Homère en sachant qui était qui, qui faisait quoi et pourquoi, sans me faire surprendre par les allégories, métaphores et autres stratagèmes utilisés par l'auteur pour décrire la multitude de personnages.


LE MOT DE LA FIN


Donc, si comme moi, la mythologie vous passionne, que vous aimez les récits épiques, que Kaamelott fait partie de vos références (ou pas) et que vous voulez vous lancer dans l'épopée antique hardcore d'Homère, n'hésitez plus et jetez vous sur l'Iliade comme Achille s'élança sur Hector devant les murailles de Troie !


A la semaine prochaine pour un article sur ... quelque chose, chépakoi ... Homériquement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,




- ODY





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