En route pour le XIXème siécle avec un personnage au palmarès et à l'histoire passionnante, le maréchal Moncey, dont je viens de terminer l'illustration.
Nous partons en 1754, ou Bon-Adrien Jeannot de Moncey voit le jour, à ... Moncey (logique :) ). Il est le fils d'un avocat du parlement de Besançon (qui était à la fois une sorte de tribunal et de préfecture d'aujourd'hui). Il nait donc dans une famille plutôt aisée, et sa route est toute tracée : il fera des études de droit.
Sauf que clairement, le droit, c'est pas vraiment son truc. Lui, il veut s'engager dans l'armée, progresser, se mettre au service de son pays.
Avant la révolution
En 1770, il s'enfuit du collège ou il réalise ses études pour s'engager le tout sans prendre la peine de mettre son père au courant, et en mettant sur son âge (il a 14 ans, dira qu'il en a 16).Il fera sa première campagne mais il est difficile pour un roturier de faire carrière et de gravir les échelons. Il décide alors en 1774 de s'engager dans la gendarmerie de la garde de Lunéville (54), dans laquelle il peut démarrer en tant que sous lieutenant.
Il n'est pas vraiment du genre à se fondre dans la masse. Il change régulièrement d'unité et n'est pas vraiment assidu. Il demande des congés, fait des allers retours... mais même si on le considère (tout à fait officiellement) " inconscient et léger" il monte quand même les échelon et devient lieutenant en premier.
La révolution
Moncey est plutôt d'accord avec les idées de la révolution. Il prendra la tête de plusieurs bataillons, comme le 5éme d'infanterie légère, puis la 5éme demi brigade légère, avec succès. En quelques années, il devient capitaine, chef de brigade, générale de brigade, général de division.
En 1794, il est proposé pour remplacer le général Muller à la tête de l'armée des Pyrénées, mais il ne se sent pas à la hauteur. Il refuse, mais est nommé quand même. Il prend alors la tête des 4 colonnes de cette armée.
Sous son commandement, lors de ses victoires, ils feront plus de 2500 prisonniers, prendront 50 canons, 2 drapeaux, et capturent des fonderies.
En 1795, il dirige 76 bataillons dans la "guerre du Roussillon". Il signera un armistice en 1795, puis retourne en France prendre du repos. En 1796, certains écrits le définissant comme royaliste, le directoire le destitue en 1797, même si rien ne prouve que c'était réellement le cas.
Au cotés de l'Empereur
Lors du coup d'état, il est aux cotés de Napoléon Bonaparte, qui lui donnera le commandement de la 15éme division militaire à Lyon. Il participera à la deuxième campagne d'Italie (1799), mais lui ne passera pas par le Grand Saint Bernard (le fameux tableau de Napoléon, que j'ai d'ailleurs "réillustré" <<ici>> ) mais par le col du Saint Gothard.
Il fera également la campagne de 1801, avec sous ses ordres l'aile gauche de l'armée, pendant laquelle il aura un cheval tué sous lui.
Victime d'un stratagème astucieux (l'ennemi lui fait croire qu'un armistice à été signé, Moncey ordonne donc une suspension d'armes et le général autrichien Laudon lui échappe ) Il est suspendu de son commandement. Davout est envoyé pour le remplacer, mais celui ci, appréciant Moncey, ne prend le commandement que de la cavalerie.
En 1801 il est nommé Inspecteur de la gendarmerie, et il exerce cette fonction depuis Paris, et entretient de fortes relations avec Napoléon. il sera élu ensuite sénateur dans les Basses Pyrénées. Il est élevé au rang de maréchal de l'Empire en 1804. Lors du sacre de Napoléon, il porte la corbeille du manteau de l'impératrice. Il sera désigné chef de la 11éme cohorte de la légion d'honneur (administrativement responsable de l'attribution de la légion d'honneur). Il est fait Duc De Conegliano en 1808. Il reste principalement à Paris lors des campagnes, Napoléon voulant pouvoir compter sur quelqu'un de confiance à la capitale.
Il participera toutefois à la campagne d'Espagne (1808-1809), et en 1812, il manifeste son désaccord concernant la campagne de Russie, à laquelle du coup il ne participera pas. En 1814, il est nommé par l'Empereur commandant en second de la garde nationale de Paris, qui lui confie la protection de l'impératrice et de son fils.
Lors de la bataille de Paris en 1814 il défend de son mieux la capitale, se battant héroïquement à 1 contre 10, pendant plus d'une journée. Il est le dernier maréchal à se battre malgré tous les évènements, à la porte de Clichy (ou on trouve aujourd'hui sa statue).
Sous Louis XVIII
Toujours chef de la gendarmerie, il se présente au nouveau gouvernement et assure de la continuité de ses hommes à l'état. Il sera nommé ministre d'Etat, chevalier de Saint Louis (qui récompense ses années de service) et pair de France.
En 1815, lors du retour de Napoléon, celui ci confirme sa nomination à la Pairie, ce qui lui vaudra, à la seconde restauration d'en être rayé par représailles.
Il refusera de juger le maréchal Ney, qui s'était rallié à l'Empereur, "un ami, un frère d'armes". Il est fait pression sur lui, on lui envoi plusieurs personnalités pour lui faire changer d'avis (dont Fouché) mais sans succès. Il écrira au roi cette lettre célèbre (qui sera ensuite censurée)
"'Sire, placé dans la cruelle alternative de désobéir à Votre Majesté ou de manquer à ma conscience, j'ai dû m'en expliquer à Votre Majesté. Je n'entre pas dans la question de savoir si le maréchal NEY est innocent ou coupable....C'est au passage de la Bérézina, Sire, c'est dans cette affreuse catastrophe que NEY sauva les débris de l'armée, et j'enverrais à la mort celui à qui tant de Français doivent la vie!... Non, Sire, s'il ne m'est pas permis de sauver mon pays, ni ma propre existence, je sauverai au moins l'honneur...(...) peut être si le malheureux NEY avait fait là (à Waterloo), ce qu'il avait fait tant de fois ailleurs, peut-être ne serait-il pas trainé devant une commission militaire? Peut-être ceux qui demandent aujourd'hui sa mort imploreraient-ils humblement sa protection?'
Au final, le maréchal Ney sera tout de même condamné, mais sans l'assentiment du maréchal Moncey, qui sera en représailles destitué de tous ses titres, condamné à trois mois de prison.
Le commandant du fort de Ham ou il doit purger sa peine refuse d'emprisonner un maréchal d'Empire avec autant d'honneur. Le maréchal Moncey sera obligé de se louer... une chambre à l'auberge en face du fort, ou les troupes présentent défilent souvent en lui rendant hommage !
Jusqu'en 1819, il est à l'écart du pouvoir, jusqu'à sa réintégration à la chambre des Pairs, puis nommé gouverneur de la 9éme division militaire. Il reprendra le commandement sur le terrain, en 1823 en Espagne ou il reprendra Barcelone entre autres.
En 1833 il est nommé gouverneur des Invalides, et c'est donc lui qui aura l'honneur d'accueillir en 1840 le retour des cendres de Napoléon.
Il décédera en 1842 à l'âge de 88ans.
L'illustration !
Pour ce genre de personnage, il n 'est jamais vraiment évident de savoir "quoi" représenter... ils ont eu tellement de titres, ont participés à tellement d'évenements, qu'il faut choisir et que... c'est difficile !
J'ai choisi pour cette illustration de le représenter en tant que premier inspecteur de la gendarmerie, car justement, c'était le premier à occuper cette fonction. Pour une fois, j'ai également voulu lui ajouter ses armes, car son parcours, on dirai aujourd'hui "selfmade man" m'a donné envie de le faire. Parti de "rien", ayant réussi par son travail, son honneur et sa bravoure à s'élever au plus haut niveau, finalement anoblit, le représenter avec ses armes était pour moi une façon de lui rendre hommage.
Pour ce qui est de la posture, j'ai voulu représenter la droiture du personnage, homme d'honneur et de valeurs.
Sur cette illustration, assez peu de modifications entre le croquis et l'image finale( pour une fois ! ) Après plusieurs essais de lettrage (sur le croquis vous pouvez voir que j'étais partie sur un "MONCEY" en arc de cercle au début) je retiens finalement un lettrage droit pour renforcer la posture du personnage.
Et voici l'image finale !
Cette illustration est d'hors et déjà disponible en tirages signés sur la boutique (cliquez sur l'image juste au dessus ! )
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