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Louis Pasteur, la rage de la découverte

Avec des dizaines d'établissements scolaires, de rues, de parcs, de places, etc, à son nom (sans parler du lait ...), Louis Pasteur n'est plus à présenter.

Sa brillante carrière mérite qu'on s'y attarde un peu. Et, pour une fois, nous resterons dans le calme feutré des laboratoires, sans naviguer d'un bout à l'autre des océans, ou mener bataille aux quatre coins du monde ! Nous avons besoin de souffler !

Ce bon Louis, par Redpaln (cliquez sur l'image pour commander votre tirage ! )

LOUIS ! PAS A C'T HEURE !


Zoom avant. France, Jura, Franche-Comté, Dole, rue des Tanneurs, au 43 (aujourd'hui rue Pasteur, évidemment).


Nous sommes le vendredi 27 décembre 1822, ... il est 2 heures du matin ! Il aurait pu naître tranquillement en milieu d'après-midi, mais non. En pleine nuit, évidemment. Mais bon, c'est tout de même un joli cadeau de Noël qui arrive au domicile de Jeanne-Etienne et Jean-Joseph Pasteur. Il s'agit de leur troisième enfant.

Pour la petite histoire, papa était sergent dans l'armée napoléonienne avant de marcher dans les traces de son propre père, tanneur de profession. D'où, vous l'aurez compris, l'origine du nom de la rue où se situe la maison familiale, qui regroupait plusieurs artisans de la même profession. On ne se cassait pas le bonnet pour les noms de rues à l'époque !


"Hé Tanneur !" C'est certainement comme ça que les gens se saluaient dans cette rue ...

Ceci dit, visiblement, il n'y a pas que le nom qui compte, et l'activité n'est pas aussi rentable que prévu, puisque, 5 ans plus tard, tout le monde déménage pour Marnoz, à une quarantaine de kilomètres de là, où se trouve la demeure de la famille Roqui (nom de jeune fille de madame Pasteur, à ne pas confondre avec un célèbre boxeur de fiction). Mais ce n'est que temporaire et, en 1830, les Pasteur s'installent à Arbois, à une dizaine de km. La maison, située au bord de la Cuisance, et située au 83, rue de Courcelles (classée aux monuments historiques depuis 1937), est une large bâtisse où Pasteur père installe sa tannerie.


Louis y vivra jusqu'à ses 17 ans. Détenteur d'un baccalauréat de lettres en 1840, il en obtient un second, en sciences mathématiques en 42.


Admis à l'Ecole normale en 43, il intégrera également le Conservatoire national des arts et métiers.


C'est à Paris, à la faculté des sciences, qu'il soutiendra, en 1847, ses thèses pour le doctorat en sciences.


On le retrouve ensuite à Dijon, puis à Strasbourg (de 48 à 53).


AH, L'AMOUR ...


Là-bas, il officie en tant que professeur suppléant. Il y trouvera aussi l'amour ! Louis épouse Marie-Anne Laurent le 29 mai 1849. Celle-ci est la fille du recteur, Aristide Laurent et ce dernier résidait dans l'enceinte de l'académie. Ca facilite les rencontres !


Ensemble, ils auront 5 enfants. 4 filles et 1 garçon. Je pourrais vous citer leurs noms, mais ça n'aurait pas grand intérêt ici.


Marie-Anne (madame Pasteur, donc), sera une épouse et une collaboratrice, dont Emile Roux (médecin immunologiste et bactériologiste avec qui Pasteur fondera l'institut qui porte son nom), dira d'elle qu'elle était le "meilleur collaborateur de Louis", car, entre autres, elle rédigera nombre de documents et articles sous sa dictée et réalisera pour lui les revues de presse.


Une photo sérieuse ! Incroyable ! Voici donc en image ce dont je vous parlais ci-dessus

Parallèlement à son activité de professeur, il occupe la suppléance de la chaire de l'école de pharmacie, toujours à Strasbourg, de 49 à 51. C'est là qu'il commence à s'intéresser au processus de fermentation.


Deux ans plus tard, il est fait chevalier de la Légion d'Honneur.


En février 1854, afin de bosser sur un projet perso (qui lui permettraient d'obtenir le titre de correspondant de l'Institut), Louis, qui commence à connaître du beau monde, obtient un certificat médical de complaisance pour pouvoir bénéficier d'un congé payé de 3 mois, qu'il fera prolonger jusqu'à début août. Ok, c'est pas très réglo de gruger comme ça, mais c'était pas pour glander sur la terrasse et profiter du printemps, c'était pour le boulot !


En 1854, la faculté des sciences de Lille est créée et Pasteur en est nommé doyen.


Petite citation du personnage, prononcée à cette occasion :


"Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés."


C'est pas mal, mais il aurait pu dire un truc du genre : "Mets donc tes grosses bottes, ça t'évitera de prendre la flotte." Là, ça rime et on peut l'utiliser plus souvent dans une conversation (et c'est une citation de Redpaln, vous pouvez la noter quelque part).


Vous aussi, soyez malin, comme Mr Gumby, mettez des bottes

Hum. Bref ...


DU VIN ET DE LA BIERE !


C'est également à cette occasion qu'il établira des liens avec l'industrie, en l'occurrence, les brasseurs Lillois, qui font appel à lui dans le but d'améliorer la conservation de la bière. Il publiera notamment un Mémoire sur la fermentation appelée lactique après des travaux (entre 1854 et 57) réalisés à la demande de l'industriel Louis Bigo, propriétaire d'une distillerie de betteraves à sucre. Là ça va, mais à la cantine, les betteraves, c'est dégueu.


A l'issue de ces travaux, Pasteur est nommé administrateur chargé de la direction des études à Normale Sup' où se trouvera son laboratoire. D'ailleurs, si d'aventure vous passez par la rue d'Ulm, à Paris, vous pourrez voir, sur la façade, la plaque détaillant les recherches qu'il y effectuera et qui le feront passer à la postérité.


Pour ceux qui ne le savent pas, Ulm est une ville du Bade-Wurtenberg en Allemagne où naquit l'un des plus grands noms de la musique baroque : Johann Gambolputty de von Ausfern-schplenden-schiltter-crasscrenbon-fried-digger-dingle-dangle-dongle-dungle-burstein-von-knacker-thrasher-apple-banger-horowitz-ticolensic-grander-knotty-spelltinkle-grandlich-grumblemeyer-spelterwasser-kurstlich-himbleeisen-bahnwagen-gutenabend-bitte-ein-nürnburger-bratwustle-gerspurten-mitz-weimache-luber-hundsfut-gumeraber-shönendanker-kalbsfleisch-mittler-aucher von Hautkopft.


Arthur Figgis (Graham Chapman) présentant ce compositeur méconnu

Cette digression absurde et inutile vous est offerte par votre humble et dévoué serviteur, mais également par messieurs Michael Palin, Terry Jones, John Cleese, Graham Chapman, Terry Gilliam et Eric Idle des Monty Python, que je salue et remercie pour l'ensemble de leur œuvre.


Où en étions nous ? Ah oui. Les recherches, donc ... Déjà, entre 61 et 62, Pasteur publie ses travaux réfutant la théorie de la génération spontanée. Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec la dite théorie, elle stipulait que, de la matière inanimée, pouvait apparaître spontanément la vie. Oui oui, comme ça, pouf ! Mais tout à fait ... Et la proverbiale et publicitaire marmotte, elle est née directement du papier alu (oui, j'aime bien citer ce rongeur plantigrade chocolaté).


Il reçoit également le prix Jecker pour ses recherches sur les fermentations.


Toujours en 62, il remplace Henri Hureau de Senarmont à la section minéralogie de l'Académie des sciences.


L'année d'après, il étudie les altérations du vin et sa transformation en vinaigre.


Pasteur en plein test. "Berk" aurait-il déclaré

LA VIE DE SCIENTIFIQUE, C'EST PAS BACILLE


En 1865, à la demande du baron Haussmann, il est président d'une commission destinée à étudier l'étiologie (les causes et les facteurs) du choléra. Les savants s'évertueront à chercher la bactérie dans l'air, sans prendre en compte les travaux de John Snow de 1855, qui avaient mis en évidence sa propagation par l'eau ...


Qu'on ne me dise plus que John Snow ne sait rien !


Je m'insurge contre ce jugement péremptoire et injustifié

Les travaux seront donc un échec, l'équipe de choc ne parvenant (logiquement) pas à trouver le microbe isolé par Filippo Pacini 9 ans plus tôt, puisqu'ils ne le cherchent pas au bon endroit. C'était plutôt ballot.


Ce n'est pas cet échec qui poussera Pasteur à démissionner de l'Ecole normale supérieure en 67, mais ses convictions. Il est en effet proche de Napoléon III et, à Normale Sup', on est plutôt républicains, tant au niveau des professeurs que des élèves, ce qui lui vaut d'être contesté de toutes parts. Louis finit donc par claquer la porte.


Mais à la Sorbonne, on lui fait bon accueil, puisqu'on lui confie une chaire et que l'on crée un laboratoire de chimie physiologique dont il assure la direction.


PASTEUR A SOIE SA REPUTATION


De 65 à 69, Napoléon III, devant les épidémies touchant les vers à soie, lui demande de mener des recherches sur le sujet. S'il parvient à triompher d'une première maladie, la pébrine, il échoue à contrer la flacherie (promis, ces noms sont authentiques, je ne les ai pas inventés !) et la sériculture poursuit son déclin.


Perso, j'aurais noyé mon chagrin dans l'alcool : s'il faut perdre les vers à soie, autant vider des verres à soi.


Fauteuil recouvert de ce délicat tissu. On peut donc dire que le ver asseoit ... Oui, c'est grosso modo la même vanne que dans le titre de ce paragraphe ...

C'est en 68 qu'il sera victime d'une attaque cérébrale qui lui laissera des séquelles (main gauche inutilisable et difficultés de déplacement).


Rien à voir, mais il sera aussi élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur et sera également nommé docteur honoris causa en médecine de l'université de Bonn.


La défaite de 1870 contre le Prussien et l'abdication de Napoléon III seront des coups durs pour Pasteur, fervent partisan de l'Empereur.


Mais l'Assemblée Nationale ne lui tient pas rigueur de ses engagements politiques, puisque celle-ci lui vote une récompense pour ses travaux qui ont eu des conséquences économiques considérables pour la France. C'est bien la moindre des choses, mon bon Monsieur !


En 1873, il est élu "membre associé libre" de l'Académie de médecine. Une sorte de scientifique freelance en quelque sorte ...


En 74, c'est la Royal Society de Londres qui lui décerne une médaille pour ses recherches sur la fermentation.


Deux ans plus tard, il tente de s'insérer dans la vie politique, mais il essuie un revers aux élections sénatoriales. Bon. Ca valait le coup d'essayer ! Pasteur laisse tomber (il refusera, quelques années plus tard, de se présenter comme député), se replonge dans ses études et publie un livre nommé Les études sur la bière. J'en connais pas mal qui l'étudient souvent d'un peu trop près et trop fréquemment.


A l'époque, il y a longtemps, bien longtemps, il s'est heurté à un adversaire de taille ...

En 78, il monte encore d'un cran et devient grand-officier de la Légion d'honneur et, l'année suivante, il est élu à l'unanimité à l'Académie vétérinaire de France.


Ce qui tombe bien, puisque, en 81, son équipe met au point un vaccin contre le charbon des moutons. Non, les moutons ne nécessitent pas de combustible pour fonctionner, malgré leurs points communs avec les tondeuses à gazon ; je parle ici d'une infection bactérienne (bacillus anthracis).


Je ne dis pas que Louis Pasteur et Luke Skywalker sont la même personne ...
Je dis juste qu'on ne les a jamais vus ensemble ...

Reçu à l'Académie française en 1882, il y prononcera un discours dont on retirera la phrase suivante :


"Les Grecs [...] nous ont légué un des plus beaux mots de notre langue, le mot enthousiasme [...] - un dieu intérieur."


Pasteur avait la positive attitude.


Ses travaux sur la fermentation et les vins lui valent de recevoir le mérite agricole en 1883. En France, le vin et la bière, c'est sacré !


PASTEUR INVENTE LES GENTILS-VAX (bah oui, c'est utile les vaccins)


Mais, bien évidemment, si Pasteur est mondialement connu, c'est principalement pour sa découverte du vaccin antirabique (en 1885), ce qui conduira, en 88, à la création de l'institut qui porte son nom, sur proposition de l'Académie des sciences.


Cette scène célèbre d'Astérix et Cléopâtre aurait inspiré Louis Pasteur dans sa préparation du vaccin

C'est la consécration.


En 1892, pour son 70ème anniversaire, la Troisième République lui organise un jubilé triomphal.


Louis Pasteur s'éteint le 28 septembre 1895 à Villeneuve-l'Etang, dans l'une des annexes de l'Institut. Evidemment, il aura droit à des obsèques nationales et sera inhumé dans l'un des caveaux de Notre-Dame.


Sa famille demandera son transfert dans une crypte de l'Institut Pasteur l'année suivante, déclinant par ailleurs une inhumation au Panthéon.


La crypte en question. Avouez que ça en impose ! Il méritait bien ça

La liste détaillée de ses travaux pourrait remplir encore de nombreuses pages, mais je vais vous épargner tout ça ! Citons le vaccin contre la rage (et contre bien d'autres maladies, notamment animales), la pasteurisation, les nombreux travaux sur la fermentation, j'en passe et volontairement !


Pour une fois, ce sera un article un peu plus synthétique, contrairement à celui sur Alexandre, publié la semaine dernière et sur lequel je me suis un peu beaucoup emballé ...


Voilà encore un personnage qui a marqué, non pas seulement son époque, mais la nôtre et celles à venir et qui méritait bien un petit article de ma part et une magnifique illustration de Redpaln. Encore une fois, je vous laisserai chercher les références à la culture pop qui truffent les paragraphes ci-dessus !


Je vais conclure sur une dernière citation de Pasteur :

"la science n'a pas de patrie".

En fait non, je vais plutôt choisir celle-ci :

“il y a plus de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres"

(et je vous jure que c'est bien de lui !)


Nombre de ses propos sur le sujet furent évidemment repris par, accrochez-vous : l'association pour la propagande du vin ! C'était une sacrée caution.

Sur ce, je vous souhaite une super chouette année 2023 et je vous dis à vendredi prochain pour un nouvel article. Sur qui ? Bah j'en sais fichtre rien, mais ce sera sûrement quelqu'un d'exceptionnel !


Peut-être l'Amiral Nelson, allez savoir ... (et paf, je l'ai encore replacé !)


Microbiologiquement vôtre,


Votre humble et dévoué serviteur,



- ODY




ps: pour accueillir Pasteur by Redpaln chez vous, c'est par <<ICI>>




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