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Maréchal Ney, le flamboyant !

Dernière mise à jour : 11 févr. 2023


Ney, by Redpaln

Michel Ney, surnommé le “brave des braves” par l’Empereur Napoléon Ier, fit partie de la première promotion de maréchaux nommés par ce dernier en 1804.

Déjà, là, ça s’annonce bien : c’est le héros audacieux, qui plonge dans la mêlée à la tête de ses hommes ! Un vrai, un dur, celui que ses hommes appelaient “le Lion rouge” ou .. hum, “le rougeaud” (Ney était roux. Je suis d’accord, c’est moins glorieux comme petit nom …).

Le 7 décembre 2022 marque le 207ème anniversaire de la mort de ce Personnage (avec un grand P). Une bonne raison de revenir sur la vie de ce héros du Premier Empire.


IL EST NEY, LE DIVIN ENFANT


Mais revenons quelques années en arrière et voyons un peu qui était le maréchal avant d’être … maréchal !

Il naquit le 10 janvier 1769 à Sarrelouis, en Lorraine. Si ma mémoire est bonne, c’était un mardi. Déjà, notons qu’il est né la même année que celui qui allait devenir son empereur, ce qui est de bon augure.

Sa ville natale est alors un un évêché, une enclave française dans cette Lorraine alors germanophone.

Notons ses origines modestes, car si son papa combattit dans l’armée du Roi de France lors de la guerre de Sept Ans, il n’y fit pas carrière et se reconvertit dans la tonnellerie, une fois libéré des obligations du service.


Le petit Michel, bilingue franco-allemand, après le collège, devient clerc de notaire, puis contremaître des mines et des forges.


NEY PAS MARECHAL QUI VEUT


Il a donc eu une carrière professionnelle avant son passage sous les drapeaux, me direz-vous. Que nenni. Il a seulement 18 ans quand il plaque tout et s’engage comme hussard !

Nous sommes donc en 1787 et, 2 ans plus tard, quand la Révolution commence, il est nommé sous-officier.


A partir de là, il ne gravit pas les échelons, il les survole ! Nommé Lieutenant de l’armée du Rhin en 1792, il est capitaine début 1794, puis chef d’escadron dans la foulée, avant d’être nommé adjudant général chef de brigade en octobre de la même année.

Malgré son caractère susceptible, voire orgueilleux par moments, le général Kléber reconnaît en lui, de la graine de général. Ses hommes le surnomment “l’infatigable” (ou, plus affectueusement, “le rougeaud”, comme je vous le disais en introduction).


Et ça ne tarde pas, puisque, 2 ans plus tard, une promotion sur le champ de bataille en fait un général de brigade. Il faut dire, qu’avec seulement 100 cavaliers, il venait de prendre Wurtzbourg et Forchheim, après avoir forcé le passage de la Regnitz (à l’ouest et au nord de Nuremberg). Accessoirement, le voici qui revient avec 70 canons et une grande partie de l’approvisionnement de l’ennemi !


Ney au retour de la bataille

Suivent les victoires à Neuwied et Dierdorf 1 an plus tard, puis, en 1798, avec seulement 150 hommes et une bonne dose de ruse et d’audace, il capture la ville de Mannheim !

Sa nomination au rang de général de division, en 1799, est donc pas mal méritée (nous sommes en l’an IV du calendrier révolutionnaire). Il rejoint la franc-maçonnerie sensiblement à la même époque, ce qui est alors courant dans le milieu militaire.


En septembre, commandant un temps l’armée du Rhin, il mène plusieurs attaques, notamment entre Seltz et Mayence, qui sont couronnées de succès.

2 mois plus tard, s’il ne s’y oppose pas directement, il n’est pas franchement d’accord avec le coup d'État du 18 Brumaire …

Il poursuit néanmoins sa carrière avec zèle et, sous les ordres du général Moreau (Kléber étant parti en Egypte pour la campagne du même nom), ainsi qu’avec le général Richepance, remportent la bataille de Hohenlinden et ainsi mettent fin aux guerres de la Révolution. Nous sommes alors le 3 décembre 1800 (je vous épargnerai les dates du calendrier révolutionnaire, qui sont loin d’être digestes !).


FAITES L’AMOUR, PAS LA GUERRE (ENFIN PAS LONGTEMPS, IL RESTE DU BOULOT !)


A Grignon, le 5 août 1802, Michel Ney épouse mademoiselle Aglaé Auguié, avec, comme témoin, le duc de Rovigo, le général Savary (futur ministre de la police de Bonaparte). La bru est une amie de Hortense de Beauharnais.


Mais c’est pas tout ça, y’a du taf ! Et voilà le général Ney désigné envoyé extraordinaire et nommé ministre plénipotentiaire auprès de la République Helvétique. A l’époque, le pays est au bord de la guerre civile et Bonaparte souhaite mettre en place un gouvernement unitaire. Prêt à relever tous les défis, Ney parvient à l’imposer quelque temps après son arrivée, gagnant ainsi l’admiration de Talleyrand.


Il ne reste pas bien longtemps en Suisse et prend le commandement de l’armée de Compiègne en 1804.


L’EMPIRE EST NÉ, LE MARÉCHAL EST NEY

Le 18 mai de cette année, c’est l’avènement de l’Empire, le premier de France. Bonaparte a besoin de 18 maréchaux triés sur le volet. Ney se classe 12ème sur cette liste. Faire partie de la petite vingtaine d’élus, c’est déjà quelque chose !


Moins d’un an plus tard, Ney se voit nommé à la plus haute distinction de la Légion d’Honneur, le Grand Aigle.


L’un de ses plus hauts faits d’armes, celui qui lui vaudra le titre de Duc, sera la bataille d’Elchingen, en Bavière.

Le 14 octobre 1805, avec ses 17 000 hommes, il affronte les 16 000 soldats autrichiens de Von Riesch et les met en déroute. C’est une victoire décisive car ceux-ci se replient en hâte vers la ville d’Ulm, tenue par le général Mack. Tenue est un bien grand mot, puisque le 20, encerclé par Ney, Murat et Dupont et Mahler, celui-ci se rend sans conditions. Les français feront pas moins de 27 000 prisonniers ! En récompense de ses actions décisives, Napoléon honorera Ney en lui donnant la place d’honneur lors de la prise officielle de la ville de Ulm.


Mieux, en juin 1808, le maréchal Ney reçut de l’Empereur le titre de Duc d’Elchingen. Oui, il était de coutume de donner aux vainqueurs un titre correspondant à une victoire ou un lieu marquant de leur carrière militaire. Ainsi, l’ennemi juré de Napoléon, l’amiral Lord Nelson, était, entre autres, Baron du Nil et Duc de Bronte.


Voici un autre exemple de grand Duc ...

Refermons cette parenthèse et retournons à notre campagne ! Suite à la prise d’Ulm, qui est un préambule à la bataille d’Austerlitz, Ney, sur le flanc droit de la Grande Armée, chassera l’archiduc Jean du Tyrol et s’emparera d’Innsbruck et de la Carinthie.


En 1806 débute la campagne de Prusse. Le 14 octobre, Ney est présent à Iéna le 14 octobre puis prend Erfurt et expédie le siège de Magdebourg en 24h !


Grâce aux charges du Maréchal Murat (un autre big boss de cette Grande Armée), la bataille d’Eylau n’est pas perdue, mais c’est bien grâce à l’arrivée des 14 000 hommes du 6ème corps de notre bon Michel qu’elle est bel et bien gagnée ! Son avance repousse les 70 000 soldats russes sur Guttstadt.

Une arrivée inespérée et à point nommé qui a peut-être inspiré Tolkien dans sa description de la fin de la bataille du Gouffre de Helm dans le volume Les Deux Tours du Seigneur des Anneaux où le Maréchal Erkenbrand et son régiment d’infanterie arrivent à l’aube et forcent l’ennemi à la retraite (si dans le film, ce sont les cavaliers d’Eomer qui le remplacent), conduisant ensuite à sa défaite totale.


Voilà, un peu comme ça, quoi ...

Bref, excusez cette digression geek de votre serviteur et reprenons le fil de la véritable histoire !


On le remarque également dans la bataille de Friedland, dans laquelle il a une part à jouer. Son passage en Espagne ne lui apporte pas autant de crédit, en grande partie à cause des très fortes tensions qui existent entre lui et le Maréchal Soult.

En 1810, sous les ordres de Masséna, il se retrouve au Portugal et participe à la bataille de Buçaco qui est une défaite pour les français.


Peut-être est-ce également dû à l’inimitié qu’il voue au Maréchal Masséna. Quoi qu’il en soit, il est possible que ces tensions avec ses supérieurs, qui se ressentiront dans ses actions sur le terrain, soient remontées aux oreilles de l’Empereur, qui s’occupe de lui tirer les siennes, le démet de ses fonctions et le rapatrie à Paris où il l’affecte à la formation des troupes du camp de Boulogne.


Ca sent un petit peu la mise au placard, du moins pour un temps, car la prochaine grande étape approche.


BONS BAISERS DE RUSSIE

C'était un peu moins glamour que sur la photo

C’est LA campagne à laquelle il est le plus associé. A la tête du 3ème corps d’armée, il occupe, en 1812, le centre de la ligne de front. Et c’est de manière frontale que Ney agit. Les combats sont brutaux, comme à Smolensk ou Moskowa. Il y reçoit d’ailleurs une balle dans le cou le 6 septembre 1812. Il sera d’ailleurs distingué pour son attitude lors ce cette dernière, puisqu’il recevra le titre de Prince de la Moskowa le 25 mars 1813.


Mais, comme chacun le sait, la campagne de Russie échoue et arrive la retraite. Ney se distingue de nouveau, à l’arrière-garde, repoussant les assauts de l’ennemi pour permettre aux blessés et civils de se retirer sans subir de lourdes pertes supplémentaires.

Il n’a plus que 6000 hommes à la bataille de Krasnoï mais parvient à reculer devant les Cosaques en surnombre, franchit la Dniepr et rejoint l’Empereur trois jours plus tard.

Il fait également 5000 prisonniers lors de la bataille de la Bérézina.


PAS DE RÉPIT POUR LES BRAVES


Il participe ensuite aux batailles de Lutzen et Bautzen. En septembre 1813, durant la campagne de Saxe, aux commandes de l’armée censée prendre Berlin, il commet plusieurs erreurs qui le conduiront à la retraite devant les forces prussiennes du Lieutenant-Général Von Bülow.

Il demandera lui-même à l’Empereur d’être démis de ses fonctions pour son échec cuisant, ce qui lui sera refusé.


Du 16 au 19 octobre 1813, seulement 1 mois plus tard, il se distingue à la bataille de Leipzig.


6 mois plus tard, en février 1814, il est engagé dans la bataille de Montmirail lors de la campagne de France.


VIENT LE MOMENT DE SE RESTAURER

Il n'y avait pas de catalogue à l'époque

Napoléon est déposé et Louis XVIII reprend le pouvoir. Pressant l’Empereur d’abdiquer, Ney est le premier maréchal à le laisser tomber et à se ranger du côté des Bourbon.


Le Roi le fait notamment Commandant en chef de la cavalerie de France, le nomme gouverneur de la 6ème division militaire.

Mais, comme ses confrères ayant, comme lui, changé son fusil d’épaule, il est très mal vu par l’aristocratie et les émigrés de l’ancien régime qui le considère comme un parvenu, un usurpateur.


EN MARS, ET CA REPART …


Eh oui, cette “pause” ne dure même pas un an puisque, le 1er mars 1815, Napoléon pose le pied sur le rivage de Golfe Juan.


L’attitude de Ney est alors assez trouble. Dans un premier temps, il propose lui-même à Louis XVIII de ramener Bonaparte “dans une cage de fer”. Mais, 15 jours plus tard, il rédige une proclamation publique exhortant les soldats à rejoindre l’Empereur …


La voici dans ses propres termes :


“Soldats ! La cause des Bourbon est à jamais perdue. La dynastie légitime, que la nation française a adoptée, va remonter sur le trône. C’est à l’Empereur Napoléon, notre souverain, qu’il appartient de régner sur notre beau pays …”


Il n’y aura donc pas de combat entre les troupes de Ney et celles de Napoléon. Les deux se rencontrent à Auxerre et à huis clos. Les témoignages de l’époque relatent une entrevue bien “velue” et pas des plus cordiales …

Il paraît qu'il faisait un peu cette tête là ...

Certains rapportent les récriminations de Napoléon concernant la défection de Ney, et les exigences de ce dernier concernant le fait que Bonaparte “ne joue plus au tyran”. Bref, visiblement plus très en bons termes, ils ne se reverront plus avant le mois de juin, moment où l’Empereur rappelle Ney pour commander les 1er et 2ème corps d’armée. La campagne de Belgique commence.


PROCHAIN ARRÊT : WATERLOO


Les troupes britanniques étaient postées devant l'entrée de la gare !

Après un cafouillage typique lors de la bataille des Quatre-Bras (ordre / contre ordre / désordre), le 15 juin 1815, vient le début de la fin. Nous sommes le 18 juin 1815. La bataille fait rage depuis plusieurs heures. Ney, sans chapeau, les vêtements lacérés et le visage barbouillé de boue et de sang est partout à la fois.


A 15h 30, les britanniques reculent pour mieux se disposer. Ney croit à une retraite et lance la plus formidable charge de cavalerie de l’histoire.

Si la charge réussit dans un premier temps, Ney se rend compte qu’il a besoin de soutien d’infanterie. Il envoie une requête à Napoléon, qui refuse (ayant cependant le corps de Mouton-Duvernet en réserve).


C’est à ce moment que la cavalerie prussienne, qui était attendue, arrive au contact. Les britanniques reforment les lignes. L’avantage change de camp. A pied (et avec une botte en moins) Ney, avec ce qui reste de l’infanterie, mène l’attaque au cri de “Venez voir comment meurt un maréchal de France !” Mais … il ne mourra pas. Ce ne sera pas faute d’avoir essayé, pourtant ! Les pertes françaises sont terribles.

Notez que pas moins de cinq chevaux meurent sous lui durant cet affrontement.


C’est la débâcle et la retraite. De retour à l’Elysée, le 21 juin, Napoléon accablera Ney (et Grouchy), leur reprochant leurs actions et leur imputant une partie de la défaite. Le maréchal Davout prendra la défense de Ney, rappelant à l’Empereur son zèle sur le champ de bataille.


LE PROCÈS


La Seconde Restauration arrive et Ney n’est en odeur de sainteté nulle part.

Ney est sur la liste transmise au Roi par Fouché, ministre de la justice. Sur cette liste figurent les noms de tous les officiers ayant rejoint Napoléon à son retour d’Elbe.


Ney est arrêté chez une cousine. En sa possession, des lettres contenant des indications afin qu’il puisse rejoindre de la famille installée en Louisiane. Rien n’indique qu’il ait eu l’intention de fuir la France.


Il est incarcéré à la Conciergerie le 19 août 1815, puis transféré à la prison du Luxembourg.

Pendant le trajet, le général Exelmans lui propose de l’aider à s’enfuir, mais Ney refuse.


Initialement, Michel Ney aurait dû paraître devant le Conseil de Guerre. Mais, refusant d’être jugé par ses anciens collègues, il fait récuser le tribunal pour défaut de compétence. En effet, ayant été élevé à la pairie par Louis XVIII avant les faits qui lui sont reprochés, il est en droit de comparaître devant la Chambre des Pairs.


Le procès est évidemment à charge et malgré quelques rebondissements, Ney est, sans surprise, condamné à mort. Il n’assiste pas au verdict, pas plus que ses défenseurs.

Malgré les recours en grâce que son épouse mène auprès de Louis XVIII, du Duc de Wellington et de la Duchesse d’Angoulême (fille de Louis XVI), la sentence est confirmée.


Le 7 décembre 1815, devant le peloton d’exécution, Ney s’oppose à ce qu’on lui bande les yeux : “Ignorez-vous que depuis vingt-cinq ans, j’ai l’habitude de regarder en face les boulets et les balles ?”


Ney, s'adressant à la mort

Aux membres du peloton, il dira : “Camarades, tirez sur moi et visez juste !”


Le Général de Rochechouart, qui commande la place de Paris et présent à l’exécution, déclarera au colonel de La Rochejaquelein : “Voilà, mon cher ami, une grande leçon pour apprendre à mourir.”


J’aurais pu vous relater l’entièreté du procès, mais cet article est déjà bien assez long comme ça !


L’AFFAIRE NEY PAS CLAIRE …


Une photo sérieuse pour une fois ! La plaque sur le tombeau de Peter Stuart Ney

Un dernier rebondissement qui apporte un peu plus à la légende qu’était Michel Ney, l’affaire Peter Stuart Ney. Un enseignant américain mort le 15 novembre 1846. Toute sa vie, il entretint le doute quant à son identité. Ses talents (escrime, équitation, connaissance des langues, des stratégies, des mathématiques, etc), ainsi que certains de ses dires ont semé le doute.


Il se serait évanoui en apprenant la mort de Napoléon, puis aurait tenté de se suicider. Il aurait également porté une blessure similaire à l’épaule à celle que reçut Ney au combat. Plusieurs études graphologiques établiront que les écritures de Michel Ney et de Peter Stuart Ney étaient similaires. Il aurait également effectué des voyages inopinés, possiblement en France, et recevait souvent du courrier de l’hexagone.


Pour enfoncer le clou, sur son lit de mort, Peter Ney se serait exclamé “By all that is holy, I am Marshal Ney of France !”, ce que l’on pourrait traduire par “par tout ce qui est saint, je suis le Maréchal Ney de France”.


Il existe évidemment une très très grosse part de doute concernant ce personnage. Aujourd’hui, même si une mise en scène aurait très bien pu être possible en cette période troublée des débuts de la Seconde Restauration, on s’accorde à penser que Ney est bien mort sous les balles du peloton d’exécution et que Peter Stuart Ney (si c’était bien son nom), s’il est vraisemblable qu’il ait pu être officier de la Grande Armée, n’était pas celui qu’il prétendait être.


UN HOMME NEY-ROÏQUE (oui, il est temps que les jeux de mots s’arrêtent, parce que j'en Ney marre … désolé ...)

Avec toutes ses qualités et ses défauts, mais surtout sa fougue et son courage, Ney est la parfaite représentation du héros romantique, faisant front devant l’adversité ! Un vrai, un dur, un rouquin flamboyant, sabre au clair, chargeant la troupe ennemie, tout seul s’il le faut ! C’est cet esprit que vous retrouvez dans l’illustration ci-dessous, disponible en tirage signé, que vous pourrez obtenir très facilement en cliquant sur la photo !




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